Je
roule à vélib, tranquillement. Une voiture me dépasse et se rabat brutalement
pour tourner à droite. Elle me coupe la route. Elle m’humilie, m’agresse. Je
réagis. Je crie « queue de poisson ! ». Le conducteur de la
voiture queuedepoissonnante pense que je l’insulte. Que je fais allusion à sa
virilité. Il me dit : répète un peu pour voir. Je répète « queue de
poisson ! ». Il arrête sa voiture. Il sort de sa voiture. Il me
regarde. Il me dit : « tu veux la voir, ma queue de poisson ? ».
Je lui dis qu’il se trompe d’éléphant. Un attroupement se forme, à l’angle de
la rue Jean Jaurès et de la rue Victor Hugo. Deux vies emblématiques pour finir
ainsi en queue de poisson. Les piétons donnent généralement raison au cycliste
quand ils ne conduisent pas et quand ils conduisent, donnent raison au
chauffeur, mais alors, ils ne sont plus piétons. Je sens sourdre du groupe
coagulé une sympathie à mon égard et j’en profite pour répéter « queue de
poisson ! queue de poisson ! » En regardant le fautif. Il
remonte dans son véhicule, la queue de poisson entre les jambes, et part en
vrombissant pour montrer sa puissance chevaline. Je dis « merci les amis »,
et je repars vers de nouvelles aventures.
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