vendredi 21 septembre 2012

queue de poisson


            Je roule à vélib, tranquillement. Une voiture me dépasse et se rabat brutalement pour tourner à droite. Elle me coupe la route. Elle m’humilie, m’agresse. Je réagis. Je crie « queue de poisson ! ». Le conducteur de la voiture queuedepoissonnante pense que je l’insulte. Que je fais allusion à sa virilité. Il me dit : répète un peu pour voir. Je répète « queue de poisson ! ». Il arrête sa voiture. Il sort de sa voiture. Il me regarde. Il me dit : « tu veux la voir, ma queue de poisson ? ». Je lui dis qu’il se trompe d’éléphant. Un attroupement se forme, à l’angle de la rue Jean Jaurès et de la rue Victor Hugo. Deux vies emblématiques pour finir ainsi en queue de poisson. Les piétons donnent généralement raison au cycliste quand ils ne conduisent pas et quand ils conduisent, donnent raison au chauffeur, mais alors, ils ne sont plus piétons. Je sens sourdre du groupe coagulé une sympathie à mon égard et j’en profite pour répéter « queue de poisson ! queue de poisson ! » En regardant le fautif. Il remonte dans son véhicule, la queue de poisson entre les jambes, et part en vrombissant pour montrer sa puissance chevaline. Je dis « merci les amis », et je repars vers de nouvelles aventures. 

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