Yang Jisheng, stèles,
la grande famine en chine 1958-1962, paris, Seuil, 2012.
Libé 29 sept 2012. Recension de Philippe Grangereau
La
grande famine en Chine 58-62 : inégalée dans le monde par son ampleur, bouleversante
par ses actes d’anthropophagie et hautement criminelles car les campagnes ont
été délibérément affamées par Mao Zedong. « Si nous laissons tous les
paysans manger à leur faim…nous ne pourrons pas nous industrialiser, nous
devrons réduire l’armée et ne pourrons bâtir une défense nationale ».
36
millions sont morts de faim. Plus meurtrière que la seconde guerre mondiale qui
a fait entre quarante et cinquante millions de victimes en Europe en Asie et en
Afrique, sur sept ou huit ans. En Chine 36 millions sont morts sur une période
de trois à quatre ans. Au pire de la famine, en janvier et février 1959 il y
avait des réserves de céréales. La population campait autour des
greniers : donnez nous à manger ! Les empereurs ouvraient leurs
réserves en cas de pénurie. La direction du PC montait la garde autour des
greniers. Le cannibalisme et la nécrophagie sont attestés par des rapports de
police. Pour faire accepter cette politique, la violence de la répression était
extrême : tortures, exécutions sommaires…
La
grande famine se met en place en 1958. L’objectif était de rattraper la
production d’acier de la Grande-Bretagne.
La population érige des millions de petits hauts fourneaux.
Tous les ustensiles de cuisine et les
outils agricoles sont fondus ; Pour rien. Le métal est inutilisable. En
même temps la petite propriété paysanne est abolie, les villages transformés en
« brigades de production », les terres et le bétail sont saisies par
l’état. Les habitants, expulsés de leur maison étaient regroupés en casernes,
hommes d’un côté, femmes et enfants de l’autre. L’objectif était de détruire la
cellule familiale. La cuisine individuelle était interdite.
La
grande famine reste encore un tabou en Chine. Le livre de Yang Jisheng a été
publié à Hong Kong. Mais interdit sur le continent chinois. Officiellement :
trois années de « catastrophes naturelles ». Mao est intouchable. Les
manuels scolaires : parlent de « difficultés économiques ».
Attribuées à des « erreurs de gauche ».
Ça
se passait entre 1958 et 1962. Six ans plus tard, votre serviteur recevait à dîner Maria-Antonietta Macciocchi, auteur de « De la Chine »
qui donnait le modèle chinois en exemple pour la construction du socialisme.
Six ans plus tard, votre serviteur donnait des cours sur la Grande Famine en Irlande, dans
les années 1840, la comparait à d’autres famines européennes ou africaines,
mais pas à la famine en Ukraine des années 1930 ou en Chine du Grand Bond en
avant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire