samedi 28 décembre 2019

le silence des ministres


Les Blanchisseurs de crimes ethniques (sous l’enseigne des « artisans de la paix ») appellent à une manifestation le 11 janvier prochain pour exprimer leur colère contre les gouvernements français et espagnols qui persistent à écouter les associations de victimes et refusent des mesures de libération quand les assassins ne s’engagent pas à demander pardon, à renoncer à la violence, à ne pas célébrer leur sortie par des fêtes humiliantes pour les familles.

Cette colère s’exprimera par le brandissement de makilas, une arme de défense du Pays Basque, par des chants et des danses, par des discours irrités adressés aux gouvernements français et espagnols. Par la reprise mot pour mot du récit des terroristes : il n’y a pas eu agression d’une société démocratique, mais un « conflit » entre patriotes et les états républicains.

Jusqu’ici, la réaction des élus du Pays Basque français a été d’une grande clarté. Ils se partagent en deux : ceux qui soutiennent la manifestation et y participent, en le proclamant haut et fort, makila dans une main, micro de l’autre. Tous ceux-là chantent « il y a eu des victimes des deux côtés ». Et puis les autres qui ne soutiennent pas, qui ne participent pas mais ne disent rien parce qu’ils ont peur de fâcher des séparatistes aux élections, qu’ils craignent les emprisonnés qui parlent alors que les morts se taisent, parce qu’ils ont peur de leur ombre.

Pour les municipales de Biarritz, la situation se corse, si j’ose dire, avec l’arrivée de deux ministres d’un gouvernement que les Blanchisseurs ne cessent de dénoncer comme sans cœur qui laisse mourir les prisonniers. Que vont faire les ministres ? En effet, les patriotes abertzale se sont répartis dans les deux listes, celle des marcheurs du maire et celle des marcheurs de son adjoint. Les deux se déclarent amis du Pays Basque, l’un a épousé une bascophone, l’autre a choisi une sénatrice enthousiaste d’un territoire ethnicisé. Si Frédérique Espagnac va manifester avec un makila, Jean-Baptiste Lemoyne pourra dire je n’y étais pas, mais elle y est allée. Si l’épouse bascophone de Didier Guillaume participe à la sauterie bayonnaise, il pourra dire qu’elle le représentait, car elle parle basque, mais que lui était pris par une foire agricole dans la Vienne.

La solution est simple. Pour se sortir de ce guêpier, il leur suffit de continuer à dire sur ce sujet ce qu’ils disent en ce moment sur la réforme des retraites, sur les lois sécuritaires, sur la réforme de l’éducation, sur le Brexit, sur les relations avec les États-Unis, sur les traités transatlantiques, sur la laïcité, sur la lutte contre le terrorisme.

C'est à dire rien.

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