Dans une démocratie, les dirigeants sont élus. Si
leurs électeurs sont convaincus que tout va mal, partout, santé, éducation,
transports, climat, il faut que les dirigeants reprennent l’idée que tout va
mal, sinon, ils ne seront pas réélus. Si les dirigeants disent, tout va mieux,
ils ne seront pas réélus. Si leurs électeurs ont un fort sentiment d’insécurité,
les candidats doivent prendre en compte ce sentiment sinon ils ne seront pas
réélus. Que ses électeurs habitent Biarritz ou la Goutte d'Or, ils partageront
le même sentiment d’insécurité et les candidats seront obligés de le flatter s’ils
veulent être réélus. Les médias ont besoin d’audience et pour l’assurer, ils
doivent épouser les inquiétudes de leurs auditeurs. Sinon, ils vont migrer vers
des chaînes où les inondations, les incendies, les suicides, les tremblements
de terre, les manifestations violentes tourneront en boucle et confirmeront les
inquiétudes de leurs audience. Les inquiétudes ne sont à l’aise que dans le
cocon d’autres inquiétudes. Donc, tout va mal, de mal en pis, l’insécurité
insécurise, les étudiants se suicident et si vous dites que la vie des
étudiants est peut-être meilleure qu’il y a trente ans, vous prouvez par cette
déclaration une scandaleuse indifférence aux calvaires étudiants et vous ne
serez pas élu. Les paysans sont immensément malheureux et ils se suicident. Moi-même,
je suis en bonne santé, je dispose d’une retraite dont seront privés mes
petits-enfants, je suis logé confortablement et j’ai obtenu un rendez-vous avec
un cardiologue plus rapidement qu’avec un ramoneur. Si je raconte tout ça, je
ne serai pas élu. Je ne pourrais même pas être candidat.
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