Que voulez-vous que j’ajoute sur le confinement et sur
le coronavirus ? À situation inédite, je ne peux ajouter qu’une angoisse
sourde qui de temps en temps me noue l’estomac. Je pensais finir ma vie
tranquillement dans une chambre d’hôpital et me voilà menacé par un connard de
virus. Les amis, la famille m’appellent. Les amis, pas trop, parce qu’ils ont
mon âge et qu’ils font partie de la population à risque, car tous, après une
certaine date de péremption ont des pathologies qui, si elles étaient mises en
contact avec ce con de virus, auraient des conséquences foudroyantes. Bon je
sais très bien qu’un jour ou l’autre, il faut passer sous une voiture ou cesser
de respirer. L’inconvénient de la crise actuelle est qu’elle prive les morts et
leur famille de la cérémonie de l’enterrement, que chacun imagine glorieuse et
chaleureuse. Et voilà que les morts n’ont pas le droit de sortir et leur
famille n’ont pas le droit d’entrer. Comme je ne suis pas croyant, il n’y
aura pas de curé, ni de rabbin ni d’imam ni de pasteur ça fait du monde en
moins. Et les rassemblements étant interdits, il y aura un ou deux croquemorts
et la famille restreinte, en respectant les distances.
Nous sommes entourés de nouvelles assourdissantes et
je me rappelle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous plantions des drapeaux russes si nous
étions communistes, américains si nous étions antisoviétiques, français si nous étions patriotes. Ici, la
carte est télévisuelle. Une première carte pour la météo, où sont indiqués
nuages, vents et pluies. Une deuxième carte du monde où la journaliste météo se
retire, il ne reste plus qu’une voix off qui indique les zones les plus
touchées, les moins affectées. En vérité, tout ça reste lointain. Ce qui est
proche, c’est l’annonce d’un proche mis en quarantaine, d’une connaissance
hospitalisée, d’un membre de la famille déclaré infecté. Ce qui est proche, c’est
le coup de téléphone de l’hôpital qui vous annonce que l’examen prévu est
annulé. Ce qui est proche, c’est votre médecin traitant qui vous annonce une consultation
par vidéo-conférence.
Et avec une grande régularité, les catastrophes font
resurgir les haines nouvelles ou traditionnelles. Les Chinois qui ont commencé.
Puis les Juifs. La faute à Soros, le Juif milliardaire. Et puis à Biarritz, un sympathisant
de la candidate LR aux élections municipales qui dénonce « une certaine
élite ou nomenklatura juive » donneuse de leçons à charge contre Maider. C’est
signé Jean-Français Ernst, un supporter de Maider Arosteguy. Bon, il n’a quand
même pas construit les camps de Buchenwald ou d’Auschwitz.
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