jeudi 19 mars 2020

confinement J+3


Que voulez-vous que j’ajoute sur le confinement et sur le coronavirus ? À situation inédite, je ne peux ajouter qu’une angoisse sourde qui de temps en temps me noue l’estomac. Je pensais finir ma vie tranquillement dans une chambre d’hôpital et me voilà menacé par un connard de virus. Les amis, la famille m’appellent. Les amis, pas trop, parce qu’ils ont mon âge et qu’ils font partie de la population à risque, car tous, après une certaine date de péremption ont des pathologies qui, si elles étaient mises en contact avec ce con de virus, auraient des conséquences foudroyantes. Bon je sais très bien qu’un jour ou l’autre, il faut passer sous une voiture ou cesser de respirer. L’inconvénient de la crise actuelle est qu’elle prive les morts et leur famille de la cérémonie de l’enterrement, que chacun imagine glorieuse et chaleureuse. Et voilà que les morts n’ont pas le droit de sortir et leur famille n’ont pas le droit d’entrer. Comme je ne suis pas croyant, il n’y aura pas de curé, ni de rabbin ni d’imam ni de pasteur ça fait du monde en moins. Et les rassemblements étant interdits, il y aura un ou deux croquemorts et la famille restreinte, en respectant les distances.

Nous sommes entourés de nouvelles assourdissantes et je me rappelle à la fin de la Seconde Guerre mondiale,  nous plantions des drapeaux russes si nous étions communistes, américains si nous étions antisoviétiques,  français si nous étions patriotes. Ici, la carte est télévisuelle. Une première carte pour la météo, où sont indiqués nuages, vents et pluies. Une deuxième carte du monde où la journaliste météo se retire, il ne reste plus qu’une voix off qui indique les zones les plus touchées, les moins affectées. En vérité, tout ça reste lointain. Ce qui est proche, c’est l’annonce d’un proche mis en quarantaine, d’une connaissance hospitalisée, d’un membre de la famille déclaré infecté. Ce qui est proche, c’est le coup de téléphone de l’hôpital qui vous annonce que l’examen prévu est annulé. Ce qui est proche, c’est votre médecin traitant qui vous annonce une consultation par vidéo-conférence.

Et avec une grande régularité, les catastrophes font resurgir les haines nouvelles ou traditionnelles. Les Chinois qui ont commencé. Puis les Juifs. La faute à Soros, le Juif milliardaire. Et puis à Biarritz, un sympathisant de la candidate LR aux élections municipales qui dénonce « une certaine élite ou nomenklatura juive » donneuse de leçons à charge contre Maider. C’est signé Jean-Français Ernst, un supporter de Maider Arosteguy. Bon, il n’a quand même pas construit les camps de Buchenwald ou d’Auschwitz.

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