lundi 30 mars 2020

lundi 30/03/2020


lundi.30/03/2020 Si j’avais su



Tant qu’une cellule nerveuse lance un influx dans le bras qui aboutit aux doigts de la main dont la frappe dessine des mots sur un écran illuminé par un courant électrique fourni par des équipes de salariés d’EDF infusant un câble d’un grande finesse, le monde ne peut pas s’arrêter de tourner.

Chaque maillon de cette chaîne qui a pris des millions d’années pour se construire est d’une grande fragilité. Un brin de fil électrique se rouille, un influx se bloque, un plomb fond, le compteur se relève, un fusible saute, une prise se déprise, un bug se croque-en-jambe, un doigt se paralyse, une douleur pique le nerf, tout s’interrompt.

Le miracle à chaque instant renouvelé est la remise en état de marche de cet ensemble complexe. Personne ne se pose plus de question sur ce fonctionnement. La terre tourne et la pluie l’arrose. Or, au lieu de se féliciter à chaque chaland qui passe de la bonne température du café servi par un barman souriant, une bonne partie des mots que se dessinent sur l’écran, qui se bousculent dans les écouteurs, qui s’impriment sur les fibres des arbres, sont des mots de regret, de complainte, des mots qui disent : « si j’avais su ».

Par exemple. Si j’avais su, moi personnellement, que l’invention du moteur à explosion et de la roue à chambre à air allait tuer des dizaines de millions de personnes sur les routes, sans compter les millions de mort par oxyde de carbone, est-ce que je n’aurais pas tout fait pour arrêter la production de ces armes de mort ? Si j’avais su que la poudre à canon et le neutron allaient  tuer des millions de personnes, est-ce que je n’aurais pas manifesté pour l’interdiction de ces produits ? La liste est infinie de ces produits meurtriers, glyphosates et magrets de canard.

Dire si j’avais su est une expression qui ne sert à rien. Puisque c’est passé, le mal est fait. Il vaut mieux désormais chercher autour de nous les nuisances que nous pouvons encore éradiquer.

C’est le contraire qui se passe. Le concert politique reproche aux responsables de ne pas avoir su ou tout en sachant de ne pas avoir diffusé se connaissances. Le nombre de gens qui savaient et qui n’ont rien dit de leur science est impressionnant Naturellement, prenons en compte que tous savaient mais que tous ne savaient pas la même chose. S’ils parlaient tous ensemble, le peuple aurait du mal à se faire une raison.

Pourquoi voulez-vous que celui qui sait cache ce qu’il sait alors que s’il dit qu’il le sait, il est célébré comme un sachant sachant sacher, et trouve ainsi une gloire parfois durable. Voyez Galilée et Copernic.

Moi personnellement, quand je sais quelque chose, je diffuse ma connaissance par tous les moyens dont je dispose et bon sang, que ça fait du bien d’entendre une voix murmurer : « il le savait, et il l’a dit, mais personne n’a voulu l’écouter ».

Je ne crois pas une seconde qu’une personne retient ce qu’elle sait. Tout le monde sait donc ce qu’il doit savoir. Personne n’a le droit de dire  « je ne savais pas ».

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