Qui est responsable ?
Quand une
catastrophe se produit, la justice, l’opinion, la presse, les citoyens,
réclament des responsables. Tchernobyl, Volkswagen, agressions sexuelles,
famine, incendies. Une liste infinie d’accidents individuels ou collectifs dont
les victimes réclament justice.
En politique,
c’est un peu plus compliqué. On peut
avancer sans crainte que le nazisme est responsable de l’extermination des Juifs,
que le communisme est responsable du goulag et de la famine en Ukraine, que le
colonialisme a tué par millions, que le maoïsme a provoqué des dizaines de
millions de morts et que Pol Pot a exterminé plusieurs millions de personnes
dans ses camps. Quand les Hongrois ont migré par dizaines de milliers après la
révolte de 1956, il apparaissait clairement que les responsables de cette
migration étaient les Soviétiques et leur politique de répression. Les fuyards
de RDA étaient poussés vers l’étranger par un régime totalitaire. Les Vietnamiens
cherchaient le salut vers la mer à cause d’un régime insupportable. Les Cubains
étaient prêts à tout risquer pour respirer l’air de la liberté.
Pour des
événements plus récents, les responsabilités se brouillent. Tous les jours
devant nos yeux, dans le monde occidental, des millions de migrants risquent
leur vie pour quitter leur pays et cherchent asile, travail, dans les pays
développés.
Les conditions
de leur accueil, santé, éducation, logement, dépendent des pays où ils aboutissent.
Accueillir dignement ne dispense pas de rechercher les responsables. Tout se
passe comme si les pays occidentaux étaient non seulement responsables de l’accueil
des migrants, mais aussi responsables de leur migration.
Ces questions
sont rarement abordées. Pourquoi ces migrants du Maghreb, de l’Afrique Noire ?
Qu’est-ce qui pousse des millions d’hommes à prendre la douloureuse décision de
quitter quartier et famille au Maghreb et en Afrique noire ? Par plaisir ?
Les guerres, les difficultés économiques, la maltraitance des femmes ne sont-ils
pas des facteurs de migration ? La corruption des gouvernants, des élites,
n’empêchent-elles pas le développement. Ne sont-elles pas des facteurs de découragement
devant l’avenir ? Les révoltes dans
ces pays disent régulièrement que des millions de jeunes préfèrent rester sur
place plutôt que de s’exiler. La répression les a jetés à la mer.
Les Chinois,
les Vietnamiens, les Russes, les Allemands, les Hongrois, qui fuient ou fuyaient
leur pays étaient des réfugiés politiques. On les nommait ainsi. Les Africains
et les Arabes ne méritent pas ce terme semble-t-il. Ils émigrent juste parce qu’ils ont faim. S’ils fuyaient la dictature, la maltraitance, l’absence de libertés
individuelles et collectives, ils deviendraient tous des réfugiés politiques. Refuser
ce statut n’est-il pas un reste d’esprit colonialiste ?
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