lundi 23 septembre 2019

négociations par l'émeute


Motifs d’inquiétude





Ce matin 24 septembre 2019, je me réveille avec des paysans qui allument des feux pour protester. Protester contre quoi ? Des maires veulent limiter l’emploi de pesticides. Et ils en ont assez de se faire insulter. Donc ils allument des feux.



Hier, des automobilistes mécontents de ne pas pouvoir massacrer deux cents personnes sur les routes en roulant à plus de 80 à l’heure ont détruit des radars. Les fabricants du médicament mediator sont accusés d’avoir tué plus de huit cents personnes. Des manifestants mécontents ont saccagé les laboratoires de vérification et tagué la maison d’Irène Frachon.



Hier, des professeurs ont retenu des copies d’examen. Le ministre a déclaré que les sanctions seraient lourdes : retenue sur salaire. Les paysans allument des feux et aucun responsable ne parle de sanction.



Désormais, les manifestations diverses sans lesquelles un samedi ne serait pas un samedi sont infiltrés par des black blocs. Partout des manifestations se déroulent, à Londres, Berlin, New York, les black blocs n’y vont pas. Ils choisissent Paris. Pourquoi ?



Une première raison est l’acceptation  diffuse de ces violences. Entre une fraction des gilets jaunes et les Black blocs, se tisse une complicité plus ou moins affirmée. S’il y avait un refus de principe de la violence, de la destruction des biens, des insultes contre la police, des jets de pierre contre les forces de l’ordre, il y aurait moins de casseurs dans les manifestations. L’acceptation de la violence commence dans les têtes.



Si cette violence est acceptée, c’est parce que les pouvoirs publics, le gouvernement, l’ont légitimée. Cette violence a rapporté plus de douze milliards. Guère de holdups aussi efficaces. Si les manifestations étaient restées pacifiques, pas de vitrines cassées, pas de pillage, combien de milliards accordés en moins ? Combien de millions d’euros pour l’écologie ? Cinq cents millions ont été débloqués. Les Champs-Elysées en flammes rapportent douze milliards.



Dans l’Irlande rurale du 19ème siècle, quand les propriétaires terriens augmentaient le loyer des fermes trop brutalement, les paysans s’organisaient en sociétés secrètes, ils se peignaient le visage en noir (black blocs déjà), mettaient le feu aux récoltes, mutilaient le bétail. Quand ces manifestations se multipliaient, le loyer de la terre baissait. L’historien Eric Hobsbawm nommait des relations sociales « négociations collectives par l’émeute ». Michael Davitt a créé un syndicat paysan, la Land League. Il s’adressait aux propriétaires : si vous voulez que cesse la violence agraire, les émeutes, les incendies, il faut négocier avec mon organisation.



Voici les raisons de mon inquiétude. Je n’aimerais pas que la vie politique se résume à un face à face entre des responsables politiques réformateurs, progressistes et intelligents, et une bande d’abrutis pilleurs de magasins, destructeurs de radars et allumeurs de feu.


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