Le mort saisit le
vif
En moins de douze
heures, j’ai assisté quasiment en direct à une séance du conseil municipal de
la ville de Biarritz et aux obsèques médiatiques de Jacques Chirac. C’est ainsi
que m’est venue une idée simple, qui bouleverserait les usages politiques.
Voici son
cheminement. Dans la vraie vie, les échanges, les débats, les discussions
politiques sont violentes. Insultes, accusations, invectives, éructations. Dès
qu’un acteur de cette scène meurt, il est paré de toutes les qualités, on le
salue, on le respecte, on ne retient de lui que ses succès, on oublie tous ses
défauts.
Je propose tout
simplement un renversement méthodologique majeur, une rupture épistémologique,,
un retournement conceptuel. Que dans les réunions, les débats, les discussions,
les élus, les responsables politiques, s’adressent à leurs adversaires, à l’opposition
s’ils sont la majorité, à la majorité s’ils sont l’opposition, au maire, aux
adjoints, aux ministres, comme s’ils venaient de mourir. Vous comprenez l’astuce ?
La mort transforme votre adversaire en objet digne de respect.
Chaque responsable
politique conserverait ses insultes, ses dénonciations, ses colères, pour le
jour de l’enterrement. Le jour des obsèques, les uns et les autres viendraient
déverser les tombereaux d’invectives qui sont le lot quotidien de la vie
politique. Les discours dans les églises et dans les funérariums s’adresseraient
aux défunts comme s’ils étaient vivants.
Nous aurions ainsi
des longues périodes de discussions apaisées et les rancœurs accumulées
exploseraient le jour de la mort.
La vie politique
deviendrait un long fleuve tranquille et les obsèques un carnaval. Tout le monde
y gagnerait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire