Maintenant, on peut le dire.
Depuis la mort de Franco (1975) jusqu’à 2011, date du cessez-le-feu d’ETA, une
organisation terroriste a tué plus de huit cents personnes, s’est attaqué à un
pays démocratique, a menacé, racketté, torturé, le Pays Basque espagnol et
l’Espagne toute entière. Le Pays Basque français a relativement été épargné,
l’ETA souhait utiliser son territoire comme sanctuaire.
L’organisation terroriste ETA a été vaincue
politiquement, par les manifestations de la société espagnole, militairement,
par la coopération entre la police française et espagnole. Elle a fini par
déposer les armes.
La fin de l’horreur a été suivie par la bataille du
récit. Ces barbaries étaient-elles nécessaires ? Au Pays Basque espagnol,
les terroristes condamnés sont héroïsés par une partie de l’opinion publique
(les abertzales radicaux), fêtés à leur sortie de prison, invités sur les
estrades. Ces manifestations sont condamnées par la majorité des partis et de
l’opinion du Pays Basque espagnol.
L’organisation terroriste s’est adressée au Pays Basque
français pour lui demander d’accepter son récit de légitimation. Elle a trouvé
une oreille attentive, une sympathie surprenante. Elle ne cesse depuis de
féliciter la « classe politique » du Pays Basque français qu’elle déclare
« engagée et responsable ». Tous les élus du Pays Basque français ont
accepté la médaille, certains activement, comme Jean-René Etchegaray, au nom de
l’agglomération, Vincent Bru La République en Marche, député, Max Brisson,
sénateur LR, Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste, Michel Veunac, maire
Modem. Ils ont tous accepté l’ignominie de l’expression « victimes des
deux côtés », mettant sur le même
plan Yoyès et son assassin, Josu Ternera et les enfants victimes à Saragosse. Ils
ont admiré « la décision unilatérale » d’ETA, demandé aux gouvernements français et
espagnol de blanchir les assassins sans jamais exiger d’eux pardon ou repentir.
Ceux qui n’étaient pas d’accord se sont tus. Jean-Jacques Lasserre s’est exprimé,
courageusement. Il a reçu une association de victimes. Dans le conseil
municipal de Biarritz, une conseillère a refusé le blanchissage, Brigitte
Pradier. A Anglet,l’ancien maire Jean Espilondo s’est exprimé. Tous les autres
ont accepté silencieusement la présence de leur maire aux cérémonies
blanchisseuses. EH BaÏ a salué à nouveau une classe politique « engagée et
responsable ». Les organisations de victimes d’ETA, de France et d’Espagne
ont exprimé leur colère. Elles ont rencontré au Pays Basque français boules Quies
et masques de sommeil.
En mars prochain, auront lieu les élections municipales.
L’Observatoire du Pays Basque va s’adressera aux candidats pour leur demander
s’ils vont accepter de participer aux funestes cérémonies des Blanchisseurs qui
s’auto nomment Artisans de la Paix. Les premiers contacts confirment les
difficultés de l’entreprise.
Ils et elles affirment la main sur le cœur que s’ils sont
élus, ils ne participeront pas aux manifestations des Blanchisseurs, ne diront
pas « victimes de deux côtés ». Mais ils ajoutent : si je
l’annonce avant d’être élu, je ne serai pas élu, parce que je n’aurai pas le
soutien de Jean-René Etchegaray, pour qui la Pastorale du blanchissage est
l’œuvre politique de sa vie. Ni celui de Max Brisson, présent à l’inauguration
de la hache sculptée aux côtés des assassins d’ETA. Ni de Vincent Bru, qui
trouve les assassins emprisonnés « corrects ».
Donc, je rencontre des candidats qui partagent mes
opinions, qui disent qu’une fois élus, ils ne participeront plus au carnaval
des teinturiers. Mais il faut d’abord qu’ils soient élus. Et pour être élu, il
ne faut pas parler de la soumission généralisée au récit des terroristes.
Sauf qu’une fois élus avec l’appui de Jean-René
Etchegaray, Max Brisson, Vincent Bru et Frédérique Espagnac, ils se tairont
parce qu’ils ne voudront pas se fâcher avec ceux qui les ont aidés à être élus.
Ainsi, Guy Lafite, qui pourrait signer ce présent texte, a gardé un silence
prudent parce qu’il ne voulait pas rompre avec le maire de Biarritz.
Il semble donc que nous sommes partis pour le
renouvellement d’une classe politique «engagée et responsable », qui sera
à nouveau félicitée par EH BaI et par tous les séparatistes.
Il y a peut-être une solution. Ceux des élus qui ne se représentent
pas pourraient peut-être parler, dire qu’en situation de pouvoir, ils ne
pouvaient pas briser l’unanimité, mais qu’à présent, ils sont libres d’exprimer
leur opinion. Ils pourraient dire « je détestais l’expression « victimes
des deux côtés ». Ils détestaient le spectacle grotesque des blanchisseurs
regroupés autour du symbole d’ETA, ni le
spectacle grotesque de la blanchisserie, ni les félicitations à l’organisation
terroriste pour avoir renoncé « unilatéralement » à la terreur. Ni l’oubli et le mépris de ses victimes.
Maintenant ils peuvent le dire.
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