Qu’il est bon
d’être en colère et de pouvoir exprimer cette colère. Ainsi le gouvernement
pour qui j’ai voté (enfin, n’exagérons rien, j’ai voté Emmanuel Macron aux
présidentielles, je n’ai pas voté Vincent Bru aux législatives, pétition contre
le mariage pour tous et blanchisserie des criminels d’ETA qu’il trouve « corrects »,
ne m’en demandez pas trop), va s’occuper de l’immigration et de la drogue.
Dans le Londres du
19ème siècle, les quartiers populaires étaient frappés par le choléra.
On disait que les pauvres étaient sales, qu’ils étaient responsables de la
maladie. Puis, des moins pauvres, inquiets de la contagion dans les beaux
quartiers, ont cherché et ont trouvé que l’installation du tout à l’égout et
les adductions d’eau diminuaient radicalement la maladie. Ce qui n’empêche pas
de demander à tout le monde de se laver les mains.
Si quelqu’un s’était
endormi pendant deux siècles, se réveillait, se présenterait aux élections en accusant
les pauvres et les immigrés d’être responsables du choléra, les électeurs
seraient surpris.
Sur l’immigration
et sur la drogue, réapparaissent les discours vieux comme mes robes et les électeurs
ne sont pas surpris. C’est surprenant.
Sur la drogue. Il
n’y a pas de pays sans drogue. Toutes les mesures de répression et d’interdiction
ont été inutiles. Tous les chercheurs, tous les policiers qui ont été sur le
terrain le disent et le répètent. Il faut légaliser et prendre des mesures de
réduction des risques. Ce sont les seules politiques qui marchent qui
obtiennent de résultats. La France est l’un des pays les plus répressifs dans
le domaine de la drogue et l’un des pays où les usagers de drogue sont en
augmentation régulière. Qu’importe la réalité. Il faut gouverner en fonction
des préjugés, des on-dit. Donc, à intervalles réguliers, les gouvernements successifs
renforcent la législation anti-drogue, nomment un anti-drogue en chef et ils
sont contents. Un jour ils découvriront que le tout à l’égout et les adductions
d’eau ont été utiles pour faire reculer le choléra.
Sur l’immigration.
Vis-à-vis des étrangers, des populations migrantes, les préjugés se retrouvent
dans un fonds commun. Gérard Noiriel a montré dans le venin dans la plume comment les « démonstrations » d’Éric
Zemmour sur les musulmans se retrouvaient tout ficelées dans les « démonstrations »
de Drumont sur les Juifs. J’ai moi-même établi cette comparaison dans mon livre
« Tu ne voteras point », (édition
Atlantica), où j’analysais les arguments de l’Angleterre protestante pour empêcher
les catholiques d’accéder à la citoyenneté.
Ils étaient maintenus dans la misère par une religion rétrograde. Leur loyauté
première était à l’égard d’une puissance étrangère (le Vatican), leur religion
encourageait la paresse et le sous-développement. Les dirigeants unionistes de Belfast
avançaient les mêmes arguments que Macron aujourd’hui : ceux qui soutenaient
l’émancipation des catholiques étaient les bourgeois et les intellectuels
protestants. Alors que ceux qui subissaient l’insécurité et la délinquance dues
à la cohabitation avec les catholiques étaient les protestants pauvres. Si
cette question vous intéresse, vous pouvez retrouver des démonstrations à la Drumont
et la Zemmour à l’égard des Italiens et des Irlandais aux Etats-Unis, des Parisiens
à l’égard des Bretons et des Auvergnats et de manière surprenante, des Juifs aisé
et intégrés à Londres à l’égard de l’immigration « pauvres » des Juifs
d’Europe centrale dans les années 1930.
Tout ça pour vous
dire que lorsque j’ai entendu Castaner parler de la drogue et Macron parler de
l’immigration, je voulais leur rappeler comment le tout à l’égout et les adductions
d’eau ont fait reculer le choléra dans les quartiers pauvres.
Les préjugés, le
racisme, la xénophobie restent politiquement dormants tant qu’ils ne sont pas
légitimés par des institutions, des églises, des responsables politiques. C’est
pourquoi j’ai si mal ressenti les paroles du président et du ministre de l’intérieur.
Ils n’ont pas appris que la pire des défaites est de reprendre les arguments
des adversaires ?
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