vendredi 12 juillet 2019

courrier


En date du 8 juillet, je reçois en lettre un courrier en réaction à mon interview par Pierre Penin dans Sud-Ouest. Cette lettre a été envoyée suite « à mes propos haineux et mensongers » lors des journées pour la paix à Biarritz. Quand une sculpture de la paix  a été inaugurée, quate hommes s’étaient « manifesté méchamment ». Vous récidivez avec des mots indignes et malhonnêtes. Respectez les gens qui travaillent à la vérité et à la paix. Dans sa lettre à Sud-Ouest, cette dame est « écœurée de la haine, du mensonge et de l’ignorance de l’histoire ». Elle a choisi le camp de la vérité historique qui mène à la paix ». J’oublie les crimes d’ETAT. Le GAL, les tortures, les polices françaises et espagnoles.



            Je réponds : Je ne vais pas vous convaincre. Vous ne m’avez pas convaincu. Mais peut-être pouvons-nous ensemble partager des questions, même si les réponses divergent.



            J’ai fait partie des manifestants contre la sculpture de la hache. Nous étions cinq, quatre hommes une femme. Pas vraiment cachés. On nous a pris en photo sous toutes les coutures. Nous sommes passés  à la télé, dans la presse. On nous a interviewés. Question : savez-vous pourquoi cette « sculpture de la paix » est en train de rouiller dans un hangar depuis plus d’un an ?



            Les historiens du Pays Basque espagnol ont essayé de faire l’histoire des années de plomb, une histoire commune, qui aurait pu être enseignée dans les écoles. Ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Pour les uns, elle était trop favorable à ETA, pour les autres trop critique d’ETA. Question : croyez-vous que la haine, les mensonges, l’indignité, la malhonnêteté soit tous d’un seul côté ? Croyez-vous qu’un camp détient la vérité, et l’autre la malhonnêteté et le mensonge ?



            Le GAL, les tortures, ont malheureusement existé. Comme ont existé la barbarie d’ETA. Séquestration tortures. Tous sont d’accord sur un point : l’énorme majorité des tués a été par ETA, (environ 850 sur plus de mille). L’énorme majorité des tués par ETA l’a été après la mort de Franco. (800 sur 850). Question : c’est un mensonge de le rappeler ?



            Parmi tous ceux qui ont assassiné, torturé pendant cette génération, les GAL, les garde-civils, ont été jugés et condamnés. Y a-t-il un parti qui les soutient, qui fait la fête quand ils sortent de prison, qui déclare qu’ils ont eu raison d’assassiner ? Personne.



            Les seuls qui sont fêtés, qui sont approuvés, dont les assassinats sont célébrés comme une lutte juste, sont les assassins de l’ETA. Le combat que je mène est tout simple : que les assassins d’ETA, comme ceux du GAL, se repentent, demandent pardon et n’aillent pas parader sur les estrades pour se faire applaudir. C’est une insulte que les victimes et leur famille acceptent mal. Question : vous pouvez comprendre la souffrance des victimes d’ETA ?



            Comme vous l’écrivez, toutes les victimes sont égales. Mais rares sont celles dont les assassins sont ainsi fêtés, approuvés, défendus, par ceux que j’appelle les blanchisseurs.



            Merci de m’avoir lu.

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