Pour les prochaines élections municipales.
Sur les étagères de l’offre politique, quel produit vous
attire ? Quel produit vous donne envie de consacrer un peu de temps, un
peu d’argent, un peu de passion ? Pendant une bonne partie de ma vie, je
savais où diriger mes pas, j’allais droit vers le rayon familier avec mon caddy
et je n’hésitais pas. Aujourd’hui, je cherche.
J’ai conservé de mon passé deux lanternes. La première,
-n’y voyez pas d’ordre hiérarchique- est une aversion jamais calmée pour les
politique ethniques, identitaires, nommez-les comme vous voulez. La seconde est
la justice sociale. Le pire se produit quand se mêlent les colères sociales et
les aspirations identitaires.
J’ai vécu dans l’opposition de deux systèmes : le
communisme qui a abouti à la dictature, au goulag et à l’anémie économique. Le capitalisme avec
son cortège de libertés politiques, de croissance économique, d’injustices
sociales et d’écarts des revenus.
Les riches deviennent plus riches, la richesse des un pour
cent les plus riches s’accroît. On ne voit plus que ça. « Au risque que ce
projecteur braqué sur les nantis plonge tout le reste dans l’obscurité » (P.Y.
Geoffard, libération 11/12/2018). On ne voit plus que le budget du gouvernement
Macron augment le pouvoir d’achat des plus pauvres. Minimum vieillesse ou allocation
d’adulte handicapé vont augmenter. La taxe d’habitation est supprimée. Plus
rien à payer pour les lunettes, les prothèses dentaires et auditives. Un plan
de lutte contre la pauvreté est salué par les associations qui sont au premier
rang de cette lutte. Plus de moyens pour les élèves en difficulté. Mais rien
n’y fait : « taxer cette minorité est la seule mesure qui pourra
apaiser la colère. « soyez conscient que même si elle est utile, elle ne
changera que bien peu la dureté de votre quotidien » nous dit P.Y.
Geoffard.
Au Venezuela ou à Cuba, le paysage est familier.
L’effondrement du système démocratique s’accompagne d’un effondrement de
l’économie de marché. Sur la scène mondiale apparaît un autre système :
une économie de marché avec un régime de parti unique. Des économies de marché
où les dirigeants parlent comme des dictateurs. Un nouveau nom apparaît :
« l’illibéralisme ».
Pour Maurice Levy : le libéralisme créé richesses et
croissance, le tout accompagné d’une formidable redistribution au profit des
plus fragiles. Malgré ce résultat, il est perçu comme un système qui ne profite
qu’aux riches. (Le monde, 2/07/2019).
Maurice Levy demande un « libéralisme plus humain ». Laurence Boone,
chef économiste de l’OCDE, dénonce le caractère figé des statuts sociaux, la
trop grande difficulté de sortir de son quartier ou de sa classe. En Europe, la
France est le pays où le système libéral est le plus critiqué et où l’égalité
des chances est le moins bien assuré. Le pays où le déterminisme social est le
plus figé.
Ce que je crains, c’est le pouvoir absolu, sans
contrepoids, du haut ou du bas. La finance sans frein. Les colères et les
jacqueries. Des camionneurs qui bloquent. Des paysans et leurs tracteurs. Les
ouvriers du livre qui détruisent la presse. Des gilets jaunes qui font peur à
toute la classe politique. Les minorités agissantes ou destructrices ou
meurtrières. Je sais, je les ai vus. Dans la cour de la Sorbonne, ceux qu’on
appelait les « Katangais ». Les étudiants communistes n’avaient pas
le droit d’avoir un stand dans cette braderie aux idées. Ils se faisaient
tabasser par des gros bras. Dans l’acceptation
de tous. Et puis à l’université de Paris VIII, des commandos de maoïstes qui trainaient
dans la boue des profs qui souhaitaient faire cours alors qu’une poignée d’étudiants
bloquaient la fac. D’autres commandos qui détruisaient les urnes pour empêcher
les élections universitaires. L’état de droit peut se dissoudre dans la finance
et dans la violence dite du « peuple ». Les héritiers, les miens
comme ceux des autres, sont gilets jaunes, avant-gardes terrorisantes,
séparatistes régionaux.
Dans les débats nationaux, je retrouve ces thèmes. Dans
les débats locaux, ils disparaissent. On s’énerve pour l’hôtel du Palais, pour
des subventions à un festival… Jamais on ne s’énerve pour le soutien de la
ville aux blanchisseurs d’etarras. Jamais on ne s’énerve pour le retard apporté
à la construction de logements sociaux. Nationalement, on privatise les
aéroports. Localement, on municipalise un palace.
Localement, la situation n’est pas bonne. Quand vous
regardez la politique sur l’écran national, il y a des débats sur tous les
sujets. Les discussions traversent les différentes familles politiques. Des républicains
soutiennent tel projet Macron. Les insoumis se déchirent. La gauche se soigne.
C’est la vie politique. On discute chez les marcheurs des prochaines élections
municipales à Paris et à Bordeaux. Ouvertement. Les différentes idées sont
soumises aux militants. Ici, rien.
Ici, les patriotes se regroupent dans une liste RPC (Retourne
à Paris connard !). La gauche insoumise manifeste contre la rencontre G7
de fin août. Il y un candidat écolo qui ne dit rien sur les grands sujets. La
droite a plusieurs candidats qui ne s’expriment guère sur leurs différences. Le
maire sortant (Modem et marcheur) considère l’assassin de Yoyès comme une victime.
Dans mon écurie, règne ce que je crains le plus :
les cabinets secrets, les comités politiques en chambre, les petits tyrans
domestiques, les apparatchiks analphabètes, l’arrogance de ceux qui n’ont pour
eux que l’arrogance, la soumission sans réflexion, le suivisme carriériste, les
mains dans les poches et la souplesse des échines.
Aux prochaines municipales, il va falloir choisir. Viendra
un moment où il faudra mettre un bulletin dans l’urne. Mais sur les questions
que je considère comme fondamentales, rien ne vient. Les élections se tiendront
en mars 20120. Il reste neuf mois.
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