mardi 9 juillet 2019

je ne crains rien


Rassurez-vous je ne crains rien.



Je veux le dire et le redire à des amis inquiets par mes prises de position. Je ne crains rien. Au contraire. Je suis l’un des hommes les mieux protégés contre tout geste malveillant. Les séparatistes ardents, leurs complices souriants, les blanchisseurs blanchissants veillent sur moi comme l’huile sur le feu. Surtout, qu’il ne m’arrive rien. Quand j’allais exhiber ma pancarte (829), sur le parvis de la Gare du Midi, des jeunes patriotes énervés voulaient me l’arracher, mais leurs chefs sont très vite intervenus, surtout, surtout, ne le bousculez pas. Il rêve d’être un martyr. Il ne cherche que ça. Quand notre groupe de citoyens opposés à la sculpture de la hache à Bayonne a ouvert ses parapluies avec le même chiffre 829, de jeunes patriotes énervés, se rappelant le bon vieux temps où l’on éliminait les adversaires à coups de mitraillette, s’approchèrent en bombant le torse, à défaut d’une arme à feu, tout de suite Txetx, le faiseur de miracles, celui qui transforme des assassins en philanthropes humanitaires, est intervenu pour les retenir, pour leur dire surtout ne les touchez pas, vous voyez bien qu’ils ne cherchent que ça. Quand j’ai traversé la salle du Casino Bellevue pour déposer la tribune de Libération « En soutien aux victimes de Josu Urrutikoetxea », les responsables de la cérémonie négationniste me parlaient avec respect, poliment, m’aidaient à descendre et  gravir les marches. Surtout que je ne me foule pas une cheville et que j’accuse ensuite les blanchisseurs d’attentat contre ma personne.



Je vous assure que je ne risque rien. Personne ne risque rien. Maïder Arosteguy, candidate aux élections municipales refuse de prendre position publiquement contre le blanchissage parce qu’elle craint, me dit-elle, pour ses enfants. Je veux la rassurer. Ses enfants ne risquent rien, pas plus que moi.



Parfois, ici et là, les blanchisseurs ont mal secoué leur linge et laissent passer des formules malheureuses. Si Josu Urrutikoetxea est extradé, si Txistor n’est pas libéré, le radicalisme violent pourrait se réactiver. Attention, disent-ils à ne pas réveiller les fantômes du passé. Folie ! Les demi-soldes d’une armée morte n’ont plus qu’un seul rêve : que les années de prison soient prises en compte pour le calcul de leur retraite. Jean-René Etchegaray et autres blanchisseurs n’ont jamais combattu la terreur. De ne pas l’avoir combattue les condamne à ne pas comprendre sa défaite.



Alors pourquoi ce silence ?  Lisez la tribune du Figaro, ceux qui défendent l’ETA et Jose Ternura doivent aussi assumer leurs massacres ». Parmi les signataires français, deux universitaires qui ne vivent pas au Pays Basque. Quatre signataires français qui vivent au Pays Basque. Une élue qui ne se représentera pas aux prochaines municipales. Un ancien maire. Le directeur de campagne de Maider Arosteguy, le seul à prendre un vrai risque et votre serviteur. Tous les autres sont des Espagnols ou des étrangers au Pays Basque français. Pourquoi cette absence des Basques français, élus ou citoyens ?



Il se murmure que le silence lourd de ceux qui ne sont pas d’accord s’expliquerait par la peur. Peur de quoi ? Vous plaisantez ? Ils ne risquent rien. La raison, la vraie, la seule, c’est que les patriotes ont déjà gagné la bataille des idées. Je l’avais déjà remarqué en lisant les professions de foi des candidats aux législatives. C’était à qui défendrait le mieux, le plus fort, l’identité basque, l’identité historique et éternelle, la langue, le territoire. Ce qui permettait à Enbata de confirmer : « nous avons perdu les élections, mais nous avons gagné la bataille des idées ».



Pour comprendre le Pays Basque français, il serait utile de regarder un classique du cinéma anglais, Passport to Pimlico. Un immeuble effondré révèle un vieux parchemin qui prouve que le monarque avait accordé totale indépendance à ce territoire devenu un quartier de Londres. Les habitants, les élus, les élites, les conseillers, les commerçants, deviennent fous. Ils défient le pouvoir central. Ils frappent monnaie, ils surveillent les frontières, ils brandissent un drapeau, nomment des ambassadeurs, un représentant à l’ONU, recrutent une armée. Folie collective. Vous vous rendez compte. Un maire d’arrondissement, sans pouvoir, des conseillers qui délibèrent sur un permis de construire, des associations qui gèrent un centre culturel pour retraités, prennent du jour au lendemain un statut international. Dans tous les pays, les journaux titrent sur Pimlico. Le conseil municipal devient un Parlement, la police de quartier devient une armée, le centre culturel devient l’UNESCO, le centre de soins devient Médecins du Monde, le maire devient chef d’Etat. Qui peut résister à une telle promotion ?



Cette folie a gagné le Pays Basque en France. La communauté d’agglo est devenue un royaume indépendant. On y frappe monnaie, l’eusko. Le courant électrique doit être nationalisé, ils ne veulent plus d’une énergie qui vient de l’étranger. On y officialise la langue basque. Sur toutes ces questions, on défie le pouvoir central, sur l’immigration, sur l’éducation des enfants, sur l’université, les conseillers d’agglo devenus maîtres chez eux veulent légiférer. Si un tribunal condamne un assassin, sa décision est contestée puisqu’il est étranger.



Les touristes sont ravis. Il suffit d’un ticket de bus pour des vacances exotiques. Les élus se prennent au jeu. Ils négocient avec le préfet devenu ambassadeur d’une puissance étrangère. On ouvre des ambassades en Corse, en Catalogne, en Ecosse. On signe un traité de paix avec l’état espagnol et l’état français. L’Irouléguy monte à la tête.



L’ambition des élus est sans limite. C’est sans danger me dit-on. Dans quel pays avez-vous vu Paillasse arriver au pouvoir ?

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