Urgences
et gilets jaunes
La grève
qui affecte les services d’urgence hospitalière rappelle la logique des gilets
jaunes. Elle est menée hors cadre syndical, par un comité d’action. La ministre
de la santé a réagi comme le gouvernement Macron hier : on sort le carnet
de chèque, on donne une prime, on crée une centaine d’emplois supplémentaires.
Mais la colère est encore plus forte, la grève continue. Avec les mêmes
arguments que sur les ronds-points, je n’y arrive plus, j’ai faim, j’ai vu une
malade mourir sur un brancard, ce n’est plus possible. Pas de vue d’ensemble,
des colères particulières.
Ce
modèle détricote toutes les relations sociales, tous les intérêts généraux au
profit d’émotions privées. Des groupes de personnes très en colère, très
déterminées, occupant des positions stratégiques, comme les camionneurs, ou les
paysans avec leur tracteur, ou les profs qui corrigent les copies du bac, gilets
jaunes, stylos rouges, bonnets rouges, on occupe, on bloque, et le gouvernement
sort un carnet de chèque, accorde une prime, la dette publique s’accroit. La
réaction aux gilets jaunes a ouvert les vannes.
La
notion d’intérêt général se dissout. Ce que j’ai lu sur les urgences hospitalières,
des articles écrits par des responsables de service, indiquait qu’il fallait
des réformes importantes de la médecine de ville, l’installation de maisons de
santé, la formation de plus de médecins et d’infirmiers. Des réformes qui
prennent du temps. Chacun doit
contribuer, déterminer les hiérarchies, céder ou avancer. La réaction aux gilets
jaunes a donné un exemple désastreux. Les syndicats réformistes, les associations,
sont mises de côté.
Dans
notre société, j’ai l’impression qu’une partie non négligeable des nantis,
entrepreneurs, financiers, n’est pas insensible à la notion d’intérêt général.
Qu’une partie importante des salariés, dans l’industrie, l’éducation, la santé,
est ouverte à la notion d’intérêt général.
Des deux côtés, l’irresponsabilité et la colère guettent. Une finance folle et
des coups de force destructeurs. Privilégier dans tous les domaines ceux qui
sont prêts à négocier leurs intérêts en vue d’un compromis favorable pour tous
me semble la bonne voie. Je ne suis pas certain que cette orientation soit la
boussole du gouvernement actuel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire