Max Brisson, sénateur, a réagi à
mon compte-rendu de la réunion des blanchisseurs du vendredi 7 juillet. « Je
suis toujours étonné lorsqu’un homme de gauche, fut-il aujourd’hui adhérent de
LREM, puisse penser dans la norme d’un état démocratique qu’un homme condamné à
la perpétuité soit maintenu en prison plus de trente ans, et pourquoi pas
jusqu’à sa mort. ».
Voici ma réponse :
Mon cher Max,
Au-delà
de nos désaccords persistants, permets-moi d’abord de te remercier de répondre
et de dialoguer. C’est rare. Quand Vincent Bru me voit, il passe sous la table.
Michel Veunac utilise en boucle l’horrible formule blanchissante : « il
y a des victimes partout ». Tu es le seul élu du territoire qui ait
répondu à mes prises de position. Tu as même approuvé mon opinion sur Josu
Urrutokoetxea. Loïc Corrégé, référent de La République en Marche, me répond par
une lettre circulaire : le 64 ne partage pas le point de vue du Gouvernement
de la France, ni celui de Maurice Goldring et l’Observatoire du Pays Basque.
J’ai
un peu de mal à admettre que tu interviennes comme simple citoyen soucieux du
respect du droit. Tu n’as jamais soutenu cette comédie sinistre qu’a été la
négociation avec une organisation terroriste de la remise de ses armes ?
Tu n’as jamais été manifester à la Gare Montparnasse sous la banderole
« maintenant, retour à la maison » de tous les prisonniers basques
condamnés pour activités terroristes en bande armée ? Tu n’as jamais
manifesté pour l’érection d’une sculpture représentant la hache, symbole de
l’ETA ? Tu n’as jamais salué la décision « unilatérale » de
l’ETA de se dissoudre ? Juste comme simple citoyen, tu sors du bois et tu
protestes contre le maintien en prison de Txistor Haranburu.
Alors,
moi aussi, comme simple citoyen, respectueux des lois, je rappelle qu’ETA a
maintenu dans la terreur la société basque, notamment espagnole. Que cette organisation
terroriste a été vaincue par les manifestations de la société civile, par la
coopération policière efficace entre état espagnol et état français, que les
élus et la société civile basque en France n’ont jamais participé aux
manifestations pour la paix et contre la terreur, n’ont jamais manifesté leur solidarité
à l’égard des élus qui étaient la cible de Txistor Haranburu, n’ont jamais
approuvé la coopération entre le gouvernement français et espagnol contre la terrorisme.
Comme
simple citoyen respectueux des lois et des victimes, je sais que des dizaines
de prisonniers basques ont été libérés et amnistiés parce qu’ils s’engageaient
à demander pardon, à se repentir, à ne
plus recourir à la lutte armée, et à sortir de prison sans manifestation de
joie et de liesse qui étaient autant d’insultes à leurs victimes. Même un
simple citoyen peut comprendre. Les artisans de la paix, Bake Bidea, et toi,
vous n’avez jamais rien demandé aux assassins, vous n’avez jamais demandé qu’ils
demandent pardon, qu’ils se retirent en silence, qu’ils renoncent aux manifestations
de joie sur les tombes de leurs victimes. Vous n’avez jamais dialogué avec les associations
de victimes. Des assassins, vous dites et répétez qu’ils ont « un
comportement exemplaire », jamais je ne vous ai entendu le moindre éloge à
l’égard des victimes d’ETA qui étonnent le monde entier par leur courage et par
leur engagement. Le monde entier, sauf les élus et la société civile du Pays
Basque français.
Mon
cher Max, il faut que tu assumes. Tu suis le courant, il faut assumer. Assumer que
le préfet, le président du conseil général, quelques rares élus, considèrent
cet engagement avec Bake Bidea comme un manque de courage et de conviction.
Assumer que de l’autre côté des Pyrénées, les compliments, les éloges, les
louanges, viennent des héritiers du terrorisme, Bildu ou Sortu, qui vous
considèrent comme « une classe politique engagée et responsable ».
Que les autres partis, que les intellectuels qui se sont battus contre le
terrorisme, ont perdu toute considération à votre égard, ne vous gêne pas.
Pour
continuer dans cette voie sans trébucher, il faut continuer à s’enfermer dans
une bulle, ne pas regarder au-delà de la communauté d’agglo. Déformer grossièrement
les paroles du Président et du Premier ministre pour qui « réconciliation
ne vaut pas amnistie ». Ne pas voir les manifestations d’hostilité et les
insultes quand les anciennes cibles d’ETA vont rendre hommage à Blanco et à d’autres
victimes. Il faut fermer les yeux comme
vous avez fermé les yeux quand la terreur faisait rage.
Continuez
ainsi à jouer le rôle d’idiots utiles pour le séparatisme basque. N’écoutez pas
Fernando Savater, n’écoutez pas Fernando Aramburu, Mario Vargas Llossa, Fermez
les écoutilles. N’écoutez pas les associations de victimes, françaises et
espagnoles. N’écoutez pas Edouard Philippe quand il rencontre Pedro Sanchez en
invitant les victimes quand vous manifestez avec les assassins, n’écoutez pas
Emmanuel Macron qui va en Corse avec la veuve Erignac quand vous manifestez
avec Otegi.
Vous
contribuerez à isoler le Pays Basque français du reste du monde, comme vous l’avez
isolé par votre silence sur la terreur séparatiste. Mais excuse-moi, sur
cette base, sur cette orientation, quand
tu me donnes des leçons de républicanisme et de respect du droit, j’ai un peu
de mal à les prendre au sérieux.
Quant
à moi, avec obstination, je continue à écrire sur une pancarte un principe
intangible : « je demande pour les prisonniers basques les
droits et garanties que l’ETA a refusé à ses victimes ». Une pancarte qui
plonge tes amis blanchisseurs dans une colère noire.
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