lundi 8 juillet 2019

dialogue avec Max Brisson, sénateur


Max Brisson, sénateur, a réagi à mon compte-rendu de la réunion des blanchisseurs du vendredi 7 juillet. « Je suis toujours étonné lorsqu’un homme de gauche, fut-il aujourd’hui adhérent de LREM, puisse penser dans la norme d’un état démocratique qu’un homme condamné à la perpétuité soit maintenu en prison plus de trente ans, et pourquoi pas jusqu’à sa mort. ».



Voici ma réponse :




Mon cher Max,



            Au-delà de nos désaccords persistants, permets-moi d’abord de te remercier de répondre et de dialoguer. C’est rare. Quand Vincent Bru me voit, il passe sous la table. Michel Veunac utilise en boucle l’horrible formule blanchissante : « il y a des victimes partout ». Tu es le seul élu du territoire qui ait répondu à mes prises de position. Tu as même approuvé mon opinion sur Josu Urrutokoetxea. Loïc Corrégé, référent de La République en Marche, me répond par une lettre circulaire : le 64 ne partage pas le point de vue du Gouvernement de la France, ni celui de Maurice Goldring et l’Observatoire du Pays Basque.



            J’ai un peu de mal à admettre que tu interviennes comme simple citoyen soucieux du respect du droit. Tu n’as jamais soutenu cette comédie sinistre qu’a été la négociation avec une organisation terroriste de la remise de ses armes ? Tu n’as jamais été manifester à la Gare Montparnasse sous la banderole « maintenant, retour à la maison » de tous les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée ? Tu n’as jamais manifesté pour l’érection d’une sculpture représentant la hache, symbole de l’ETA ? Tu n’as jamais salué la décision « unilatérale » de l’ETA de se dissoudre ? Juste comme simple citoyen, tu sors du bois et tu protestes contre le maintien en prison de Txistor Haranburu.



            Alors, moi aussi, comme simple citoyen, respectueux des lois, je rappelle qu’ETA a maintenu dans la terreur la société basque, notamment espagnole. Que cette organisation terroriste a été vaincue par les manifestations de la société civile, par la coopération policière efficace entre état espagnol et état français, que les élus et la société civile basque en France n’ont jamais participé aux manifestations pour la paix et contre la terreur, n’ont jamais manifesté leur solidarité à l’égard des élus qui étaient la cible de Txistor Haranburu, n’ont jamais approuvé la coopération entre le gouvernement français et espagnol contre la terrorisme.



            Comme simple citoyen respectueux des lois et des victimes, je sais que des dizaines de prisonniers basques ont été libérés et amnistiés parce qu’ils s’engageaient à demander  pardon, à se repentir, à ne plus recourir à la lutte armée, et à sortir de prison sans manifestation de joie et de liesse qui étaient autant d’insultes à leurs victimes. Même un simple citoyen peut comprendre. Les artisans de la paix, Bake Bidea, et toi, vous n’avez jamais rien demandé aux assassins, vous n’avez jamais demandé qu’ils demandent pardon, qu’ils se retirent en silence, qu’ils renoncent aux manifestations de joie sur les tombes de leurs victimes. Vous n’avez jamais dialogué avec les associations de victimes. Des assassins, vous dites et répétez qu’ils ont « un comportement exemplaire », jamais je ne vous ai entendu le moindre éloge à l’égard des victimes d’ETA qui étonnent le monde entier par leur courage et par leur engagement. Le monde entier, sauf les élus et la société civile du Pays Basque français.



            Mon cher Max, il faut que tu assumes. Tu suis le courant, il faut assumer. Assumer que le préfet, le président du conseil général, quelques rares élus, considèrent cet engagement avec Bake Bidea comme un manque de courage et de conviction. Assumer que de l’autre côté des Pyrénées, les compliments, les éloges, les louanges, viennent des héritiers du terrorisme, Bildu ou Sortu, qui vous considèrent comme « une classe politique engagée et responsable ». Que les autres partis, que les intellectuels qui se sont battus contre le terrorisme, ont perdu toute considération à votre égard, ne vous gêne pas.



            Pour continuer dans cette voie sans trébucher, il faut continuer à s’enfermer dans une bulle, ne pas regarder au-delà de la communauté d’agglo. Déformer grossièrement les paroles du Président et du Premier ministre pour qui « réconciliation ne vaut pas amnistie ». Ne pas voir les manifestations d’hostilité et les insultes quand les anciennes cibles d’ETA vont rendre hommage à Blanco et à d’autres victimes. Il faut fermer les  yeux comme vous avez fermé les yeux quand la terreur faisait rage.



            Continuez ainsi à jouer le rôle d’idiots utiles pour le séparatisme basque. N’écoutez pas Fernando Savater, n’écoutez pas Fernando Aramburu, Mario Vargas Llossa, Fermez les écoutilles. N’écoutez pas les associations de victimes, françaises et espagnoles. N’écoutez pas Edouard Philippe quand il rencontre Pedro Sanchez en invitant les victimes quand vous manifestez avec les assassins, n’écoutez pas Emmanuel Macron qui va en Corse avec la veuve Erignac quand vous manifestez avec Otegi.



            Vous contribuerez à isoler le Pays Basque français du reste du monde, comme vous l’avez isolé par votre silence sur la terreur séparatiste. Mais excuse-moi, sur cette  base, sur cette orientation, quand tu me donnes des leçons de républicanisme et de respect du droit, j’ai un peu de mal à les prendre au sérieux.



            Quant à moi, avec obstination, je continue à écrire sur une pancarte un principe intangible : « je demande pour les prisonniers basques les droits et garanties que l’ETA a refusé à ses victimes ». Une pancarte qui plonge tes amis blanchisseurs dans une colère noire.




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