J’ai découvert Biarritz à l’occasion d’un colloque sur
« violence et politique », organisé par Pierre Pradier, alors député
européen. Y intervenaient entre autres Bernard Kouchner et Michel Rocard.
D’autres intervenants ont présenté leur
analyse sur les zones de tension, Pays Basque espagnol, Corse et Irlande
du Nord. Le colloque avait été ouvert par Didier Borotra, alors maire de la
ville. Des échanges vifs mais courtois m’avaient opposé à Jakes Abebberry. Des
raisons personnelles me rapprochèrent de la ville et la convergence de ces
circonstances permit la publication de « Renoncer à la terreur », (éditions
du Rocher).
J’ai découvert ainsi les restaurants du bord de mer, l’accueil
chaleureux du maire et de la famille Pradier, un lieu où coexistaient débat
sans frontières et ouverture sur le monde.
À chacun son Biarritz et c’est justement la richesse de cette
ville, une ville ouverte au monde, une ville où la tradition politique est
d’avoir tenu à la marge les différentes tentatives d’installer des frontières,
des interdits, des exclusions. Les extrêmes de droite y sont tenus à la marge.
Les mouvements identitaires se nichent dans les différents courants, à
condition d’abandonner leurs épines et leur violence armée. Ainsi se gouverne
la ville et ainsi accueille-t–elle les nouveaux arrivants tout en respectant
les traditions anciennes.
Voici ce qui me guide dans mes choix politiques. Maintenir cette
conception apaisée où les mouvements politiques d’exclusion et de
stigmatisation de telle ou telle partie des habitants sont repoussés dans leur
bunker.
Où en sommes-nous de ce point de vue ? Les identitaires poursuivent
leur combat en squattant les différentes listes et en portant leurs
revendications sur la langue, les prisonniers et le territoire dans ces niches.
On les laisse s’installer à condition d’abandonner tout séparatisme.
À droite, la situation est plus préoccupante. Pour la première
fois depuis longtemps, la droite qui se présente aux élections municipales
n’est pas une droite progressiste, héritière du gaullisme social, héritières
des Juppé, Chirac, Seguin, Bertrand. Ceux qui sont convaincus que toutes
reprise des thèses extrême droite conduit à la défaite, comme l’ont montré les
résultats des élections européennes. Malheureusement, la candidate LR s’inscrit
dans la lignée des Wauquiez, Bellamy, Morano, Fillon. Ses déclarations
outrancières s’inspirent des
provocations de ces dirigeants qui travaillent à saper la frontière idéologique
entre LR et le RN. Faut-il rappeler ses outrances sur les femmes voilées qui
ont beaucoup d’enfants et qui vont submerger le Pays Basque ? Faut-il
rappeler ses déclarations récentes visant à légitimer la position ultra droite
de la famille Gave ?
Les prochaines élections prennent une importance inédite pour
l’avenir de la ville. Ou bien nous poursuivons cette longue tradition de
rassemblement républicain, de politique apaisée et du refus des outrances. Ou
bien nous prenons le risque d’entrer dans une période sombre.
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