jeudi 13 février 2020

alerte noire


J’ai découvert Biarritz à l’occasion d’un colloque sur « violence et politique », organisé par Pierre Pradier, alors député européen. Y intervenaient entre autres Bernard Kouchner et Michel Rocard. D’autres intervenants ont présenté leur  analyse sur les zones de tension, Pays Basque espagnol, Corse et Irlande du Nord. Le colloque avait été ouvert par Didier Borotra, alors maire de la ville. Des échanges vifs mais courtois m’avaient opposé à Jakes Abebberry. Des raisons personnelles me rapprochèrent de la ville et la convergence de ces circonstances permit la publication de  « Renoncer à la terreur », (éditions du Rocher).

J’ai découvert ainsi les restaurants du bord de mer, l’accueil chaleureux du maire et de la famille Pradier, un lieu où coexistaient débat sans frontières et ouverture sur le monde.

À chacun son Biarritz et c’est justement la richesse de cette ville, une ville ouverte au monde, une ville où la tradition politique est d’avoir tenu à la marge les différentes tentatives d’installer des frontières, des interdits, des exclusions. Les extrêmes de droite y sont tenus à la marge. Les mouvements identitaires se nichent dans les différents courants, à condition d’abandonner leurs épines et leur violence armée. Ainsi se gouverne la ville et ainsi accueille-t–elle les nouveaux arrivants tout en respectant les traditions anciennes.

Voici ce qui me guide dans mes choix politiques. Maintenir cette conception apaisée où les mouvements politiques d’exclusion et de stigmatisation de telle ou telle partie des habitants sont repoussés dans leur bunker.

Où en sommes-nous de ce point de vue ? Les identitaires poursuivent leur combat en squattant les différentes listes et en portant leurs revendications sur la langue, les prisonniers et le territoire dans ces niches. On les laisse s’installer à condition d’abandonner tout séparatisme.

À droite, la situation est plus préoccupante. Pour la première fois depuis longtemps, la droite qui se présente aux élections municipales n’est pas une droite progressiste, héritière du gaullisme social, héritières des Juppé, Chirac, Seguin, Bertrand. Ceux qui sont convaincus que toutes reprise des thèses extrême droite conduit à la défaite, comme l’ont montré les résultats des élections européennes. Malheureusement, la candidate LR s’inscrit dans la lignée des Wauquiez, Bellamy, Morano, Fillon. Ses déclarations outrancières s’inspirent  des provocations de ces dirigeants qui travaillent à saper la frontière idéologique entre LR et le RN. Faut-il rappeler ses outrances sur les femmes voilées qui ont beaucoup d’enfants et qui vont submerger le Pays Basque ? Faut-il rappeler ses déclarations récentes visant à légitimer la position ultra droite de la famille Gave ?

Les prochaines élections prennent une importance inédite pour l’avenir de la ville. Ou bien nous poursuivons cette longue tradition de rassemblement républicain, de politique apaisée et du refus des outrances. Ou bien nous prenons le risque d’entrer dans une période sombre.

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