Je ne sais pas pourquoi je reçois sur la toile des insultes
antisémites, pourquoi et comment on me demande de retourner en Israël alors que
je n’en suis jamais parti. C’est bizarre. Je n’avais jamais mis les pieds jusqu’ici
ni dans la synagogue de Bayonne, ni dans celle de Biarritz. Je ne jeune pas à Yom
Kippour, je m’énerve quand le CRIF prétend parler au nom des Juifs de France. Et
puis cette réaction quand Maider Arosteguy défend les opinions droitières de J.B.
Aldigé par cette formule « il n’a quand même pas construit les camps d’Auschwitz
et de Buchenwald. J’ai plus été atteint par ces immondices que par d’autres. Est-ce
le fait d’avoir porté l’étoile jaune en 1942, dans Belleville occupée ? Pas impossible.
Mais ce qui m’intéresse, c’est la construction d’opinions
de haine de l’autre. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre comment on devient
malade, comment on peut dire des monstruosités et puis ensuite s’excuser comme
si on avait taché la nappe de quelques gouttes de vin. Et l’on dit à l’hôtesse :
excusez-moi, madame, j’ai taché votre nappe. En ajoutant « mais quand même,
je n’ai pas mis le feu à vos écuries ». Comment ça marche cette mécanique ?
Maider Arosteguy n’a pas dit ces horreurs par hasard. Elles
relèvent d’une culture politique qui ne conçoit une société que par l’exclusion
des différences. C’est tombé sur les Juifs. Elle aurait pu dire, bon la famille
Gave, elle a des opinions rugueuses, mais quand même ils n’ont jamais construit
le bagne de Cayenne. Ou bien ils n’ont jamais construit la Kolyma. Ou Guantanamo.
Pourquoi donc Buchenwald ou Auschwitz ? Ce hasard malencontreux, je le dis
comme je le pense, la disqualifie pour des responsabilités politiques.
Pas pour toujours. Je ne suis pas pour la mort du pécheur.
Je suggère une porte de sortie honorable qui lui permettra de réintégrer la vie
politique pour les prochaines échéances. Je suggère une visite à Auschwitz,
puis une autre visite au mémorial de la déportation à Paris. Enfin une dernière
visite à Yad Vashem en Israël. Je
suggère qu’elle passe une après-midi avec des survivants de la déportation. Qu’elle
lise Primo Levi, Simone Veil, et quelques autres auteurs.
Ensuite, elle pourra faire le point, expliquer elle-même
à quel point ses remarques la mettaient hors-jeu d’un monde politique où le
respect des victimes du nazisme est fondamental. Lorsqu’elle aura fait tout ça,
expliqué tout ça, alors, pour les municipales de 2026, elle pourra se
représenter sans difficulté.
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