Pays Basque Epidémie
de coroneta.
Maintenant que le virus
est vaincu, il est possible de faire son histoire, d‘en tirer un bilan. 850
morts pour un million d’habitants, ce serait environ 50 000 morts pour une
population comme celle de la France. Du côté espagnol, la terreur, l’intimidation,
la fuite, l’exil. Deux générations gravement abîmées, des familles détruites,
des confinements dans des prisons pour ceux qui ne regrettent rien et refusent
de demander pardon. Des tueurs sont en fuite, en exil, des partisans fêtent
leur retour, et défilent devant les maisons de leurs victimes, en chantant des
chansons pandémiques.
L’origine de cette
épidémie est controversée. Pour certains historiens, le régime franquiste
interdisait toute action politique non armée et il ne restait plus aux antifranquistes
que le recours à la violence armée. Mais Franco est mort en 1975 et sur les 850
morts, huit cents ont été abattus après sa mort. Il faut donc trouver d’autres
sources de cette épidémie. On trouvera plusieurs foyers de diffusion du virus
coroneta. Chaque fois, en commun, l’idée que les chemins démocratiques pour
accéder à des objectifs politiques, comme l’autonomie ou l’indépendance, sont
longs, difficiles, il faut convaincre, entraîner, soumettre à des élections
aléatoires. Alors qu’un groupe d’hommes déterminés,
bien organisés, peut frapper un grand coup, assassiner un dirigeant, déclencher
une répression impitoyable qui entrainera de nouveaux partisans. Anarchistes, bande
à Bonnot, Bande à Baader, Action directe, Lénine et son avant-garde, Fidel et
ses foyers.
Le coroneta ne peut donc se
diffuser qu’avec un minimum d’acceptation de la population. Un confinement
strict, le refus du moindre contact, l’horreur devant tous les discours qui le
justifieraient, sont des moyens efficaces de le combattre. Il faut aussi un
certain soutien politique à ceux qui le combattent aux premières lignes,
militaires, policiers, juges, gardiens de prison.
Ces moyens n’ont pas été suffisants
dans les principaux foyers de coroneta, en Europe, en Irlande du Nord, en Corse,
au Pays Basque espagnol et il a fallu deux générations de partisans de la paix,
de manifestations contre les tueurs, de soutiens aux chercheurs et aux intellectuels
pacifistes pour que les bandits politiques se résignent à la défaite..
Quand les terroristes ont
été vaincus, des élus, des militants, des associatifs, des craintifs, qui s’étaient
confinés quand la terreur faisait rage sont sortis du trou, Ils ont demandé
clémence pour les assassins, ont nié la réalité de la terreur, n’ont pas eu le
cran de condamner sans détour les coronetas, On les nomme coronetistes ou
artisans négationnistes. Quand ils croisent des victimes du coroneta, ils font
un détour.
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