Pourquoi la perspective d’un éloignement durable rend-elle
morose ? Des milliards d’humains se posent la question quand le ciel se
brise et la réponse est banale. Hobbes entre autres nous l’a donnée dans le Leviathan. Partagez le monde entre ce
qui nous fait du bien et ce qui nous fait du mal. L’être humain est
spontanément attiré par ce qui lui fait du bien. La colonne des évènements plaisants
doit l’emporter sur la colonne des événements désagréables, sinon, le malheureux
accueillerait la fin de ses souffrances avec bonheur. Logiquement, normalement.
Mais si l’hypothèse se vérifiait, une bonne moitié de la population se jetterait
sous les trains, les rames de métro, de l’étage le plus létal d’un immeuble
construit pour d’autres usages, piocherait dans l’armoire à pharmacie des
mélanges malfaisants, se lancerait sous un autobus hybride et trouverait dans la
rubrique faits divers des moyens de partir définitivement.
Remarquons ici que la promesse de l’au-delà aussi
enchanteur fût-il ne console guère. Toutes les religions promettent la survie
au-delà du délabrement de l’enveloppe charnelle. L’idée d’abolir la mort est un
puissant adjuvant moral. La seule religion qui ne vit que de la mort est l’athéisme
et c’est pour cette seule raison qu’elle n’est pas une religion. Toutes les
autres nous promettent des paradis, la droite du seigneur, des harems, de
délicieux jardins. L’athéisme ne promet que le souvenir humain et le paradis
pour le présent.
Une fois cela admis, il faut reconnaître que lors des enterrements,
la tristesse des proches est aussi
prégnante dans les mosquées, dans les églises, dans les temples que dans la
salle de crémation d’un cimetière d’une grande métropole pleine de libres
penseurs.
Depuis deux semaines l’humanité à horizon d’homme et à
taille de regard adulte est confinée. Les temps sont terreaux de gourous. Quel système
d’explication totale accorderait à un
virus laid comme un pou le pouvoir de bousculer les alvéoles du poumon au point
de les rendre inutilisables ? En quelques heures, l’oxygène vient à
manquer. En quelques heures le monde bascule. Il
nous reste l’éther, les tuyaux, les rayons. Tout est à repenser.
Parmi les questions non
résolues, celle du remboursement à cent pour cent. Personne n’a décidé si la
maladie provoquée par le coronavirus est remboursée à cent pour cent, comme le
cancer et les affections cardiaques. Je connais personnellement des individus
qui ont des anévrismes de l’aorte (remboursés cent pour cent), un cancer du
poumon (cent pour cent). Il me semblerait juste que les dégâts provoqués par le
covit 19 le soit également, car ils
cumulent les deux précédentes pathologies.
Je me suis renseigné auprès de la sécu. Ils ne savent
pas. Mais ils ne savent pas non plus si la couverture à cent pour cent se
cumule ou s’annule. Dans un magasin, un produit disons par exemple une machine
à laver, est vendue avec une réduction de cent pour cent. Ce qui signifie qu’elle
est gratuite. Si pour mieux faire tourner le stock, le vendeur refait une
nouvelle réduction de cent pour cent, est-ce que ça veut dire qu’il vous
donnera le prix de la machine si vous l’achetez ? Si vous disposez d’une
couverture de deux fois cent pour cent, la sécu va-t-elle vous rembourser les
soins deux fois ? On comprend qu’elle hésite à accorder à nouveau cent
pour cent le coronavirus. On pourrait aboutir à des situations où seraient
remboursés trois fois les soins prodigués. Or le budget de la sécu ne le permet
tout simplement pas.
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