samedi 11 avril 2020

cumul


Pourquoi la perspective d’un éloignement durable rend-elle morose ? Des milliards d’humains se posent la question quand le ciel se brise et la réponse est banale. Hobbes entre autres nous l’a donnée dans le Leviathan. Partagez le monde entre ce qui nous fait du bien et ce qui nous fait du mal. L’être humain est spontanément attiré par ce qui lui fait du bien. La colonne des évènements plaisants doit l’emporter sur la colonne des événements désagréables, sinon, le malheureux accueillerait la fin de ses souffrances avec bonheur. Logiquement, normalement. Mais si l’hypothèse se vérifiait, une bonne moitié de la population se jetterait sous les trains, les rames de métro, de l’étage le plus létal d’un immeuble construit pour d’autres usages, piocherait dans l’armoire à pharmacie des mélanges malfaisants, se lancerait sous un autobus hybride et trouverait dans la rubrique faits divers des moyens de partir définitivement.

Remarquons ici que la promesse de l’au-delà aussi enchanteur fût-il ne console guère. Toutes les religions promettent la survie au-delà du délabrement de l’enveloppe charnelle. L’idée d’abolir la mort est un puissant adjuvant moral. La seule religion qui ne vit que de la mort est l’athéisme et c’est pour cette seule raison qu’elle n’est pas une religion. Toutes les autres nous promettent des paradis, la droite du seigneur, des harems, de délicieux jardins. L’athéisme ne promet que le souvenir humain et le paradis pour le présent.

Une fois cela admis, il faut reconnaître que lors des enterrements,  la tristesse des proches est aussi prégnante dans les mosquées, dans les églises, dans les temples que dans la salle de crémation d’un cimetière d’une grande métropole pleine de libres penseurs.

Depuis deux semaines l’humanité à horizon d’homme et à taille de regard adulte est confinée. Les temps sont terreaux de gourous. Quel système d’explication totale  accorderait à un virus laid comme un pou le pouvoir de bousculer les alvéoles du poumon au point de les rendre inutilisables ? En quelques heures, l’oxygène vient à manquer. En quelques heures le monde bascule. Il nous reste l’éther, les tuyaux, les rayons. Tout est à repenser.

Parmi les questions non résolues, celle du remboursement à cent pour cent. Personne n’a décidé si la maladie provoquée par le coronavirus est remboursée à cent pour cent, comme le cancer et les affections cardiaques. Je connais personnellement des individus qui ont des anévrismes de l’aorte (remboursés cent pour cent), un cancer du poumon (cent pour cent). Il me semblerait juste que les dégâts provoqués par le covit 19 le soit également,  car ils cumulent les deux précédentes pathologies.
Je me suis renseigné auprès de la sécu. Ils ne savent pas. Mais ils ne savent pas non plus si la couverture à cent pour cent se cumule ou s’annule. Dans un magasin, un produit disons par exemple une machine à laver, est vendue avec une réduction de cent pour cent. Ce qui signifie qu’elle est gratuite. Si pour mieux faire tourner le stock, le vendeur refait une nouvelle réduction de cent pour cent, est-ce que ça veut dire qu’il vous donnera le prix de la machine si vous l’achetez ? Si vous disposez d’une couverture de deux fois cent pour cent, la sécu va-t-elle vous rembourser les soins deux fois ? On comprend qu’elle hésite à accorder à nouveau cent pour cent le coronavirus. On pourrait aboutir à des situations où seraient remboursés trois fois les soins prodigués. Or le budget de la sécu ne le permet tout simplement pas.

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