Encore une fois, deux organisations, le Chemin de la
Blanchisserie (bake bidea) et les Artisans Teinturiers (artisans de la paix) vont
manifester le 5 juillet prochain pour demander la libération de quatre prisonniers
basques condamnés pour activités terroristes en bande armée. Pour quelles
raisons demandent-ils cette libération ? Parce qu’ils en sont à leur
trentième année de détention. Pas d’autres raisons.
En général, quand on demande une libération conditionnelle,
le juge chargé de l’accorder tient compte de plusieurs facteurs. Le premier :
la gravité du crime. Ensuite : le condamné regrette-t-il son crime ?
A-t-il demandé publiquement pardon à ses victimes ? S’est-il engagé à ne
plus recommencer ? Demande-t-il à ses amis et soutiens de ne pas organiser
de fête à la sortie de prison pour éviter de froisser les familles de ses
victimes ? Le juge demande généralement l’avis des victimes ou de leur
famille. Dans le cas de ces quatre condamnés, on ne sait pas pourquoi ils sont
condamnés. Ont-ils massacré des enfants à Saragosse ? Massacré la foule d’un
supermarché ? Torturé et séquestré un patron d’entreprise ? Silence.
Ils ne regrettent rien. Ils ne demandent pas pardon, ils ne refusent pas l’aurresku,
danse d’hommage aux personnalités exceptionnelles. Pas question non plus de
demander l’avis des familles pour le Chemin de la Blanchisserie et des Artisans
Tenturiers. Silence sur les raisons de leur condamnation.
Le seul argument : trente ans. Trente ans c’est
très long, mais leurs victimes ont été condamnées à perpétuité sans libération
conditionnelle. En refusant ces questions, les blanchisseurs se font complices
des crimes et de leurs auteurs.
Avec
les mensonges habituels, les oublis, les barbaries qui restent coincés dans
leur gorge. Ils parlent de justice transitionnelle en sachant ou en ignorant
que cette justice ne peut se mettre en place qu’à la condition du repentir, du
pardon demandé aux victimes et à leur famille.
Les
blanchisseurs ne demandent rien aux criminels et à leurs soutiens, ils demandent
tout à l’état, aux associations de victimes, au juge, au préfet. Et
demain, peut-être, devant la sous-préfecture de Bayonne, ils seront accompagnés
par Vincent Bru, par Jean-René Etchegaray, par Michel Veunac, Frédérique
Espagnac. Complices de la barbarie infligée dans un territoire qu’ils n’habitaient
pas.
Peut-être.
Ou peut-être pas.
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