A la suite de mon entretien avec
Pierre Penin dans Sud-Ouest, je
reçois une lettre de Pierre C…, habitant de Baigorri, datée 12 juin. « Monsieur,
d’après vos propos sur Sud-Ouest du
lundi 10 juin, on sent que vous n’êtes pas basque et que vous ne nous aimez pas ! ».
Mon lecteur me reproche le terme de « mise en scène » pour la fête du
vendredi 7 juin. « Pour nous (les Basques), c’est un grand soulagement, c’est
un moment que nous attendions depuis longtemps ».
Ensuite mon lecteur me demande ce
que je pense des ventes d’armes de la France, en tant que « bon français » ?
Et ce que je pense du massacre des harkis au lendemain des accords d’Evian. Est-ce
que la France a jamais demandé pardon ? Alors que l’ETA l’a fait.
La lettre se termine ainsi :
occupez-vous de la France et laissez-nous vivre en paix. « Je ne voudrais
pas être votre voisin, avec la haine des Basques que vos propos transpirent ».
« Je pense que pour vous la meilleure façon serait d’appliquer ‘la
solution finale’ pour nous les Basques ».
Ce monsieur a pris la peine de m’écrire
et toute peine mérite réponse. Voici ma réponse :
Monsieur,
J’interviens
régulièrement contre les événements organisés par Bake Bidea et les Artisans de
la Paix que je nomme opérations de blanchissage de la terreur d’ETA. Je ne suis
pas en mauvaise compagnie. Des associations de victimes, des intellectuels
comme Aramburu (avez-vous lu Patria ?),
et Savater, partagent mon opinion. Pour vous, ces évènements étaient « attendus
depuis longtemps » et ils sont « un grand soulagement ».
Entre
vous et moi, il y a divergence d’opinion, ce qui est normal dans une société
diverse. Le débat n’est pas terminé. Je n’ai pas bien compris ce que venaient
faire les harkis et la vente d’armes dans ce débat.
Ce
qui me préoccupe davantage, c’est le droit que vous vous arrogez de décerner ou
de refuser la qualité de Basques. Une divergence d’opinion sur les Artisans de
la Paix vaut-elle appartenance à la communauté basque ? Ainsi, la majorité
des Basques qui vivent au Pays Basque espagnol et partagent mon point de vue ne
seraient plus des Basques, selon vous ? Pour vous, je ne suis pas basque,
je suis français, et je n’ai pas le droit de m’occuper du pays que j’habite. Pour
vous, je hais les Basques parce que je dénonce, avec de nombreux Basques
espagnols et français, une opération de blanchissage de la terreur d’ETA.
De
ce point de vue, votre réaction est confirmation glauque de ce que certains
dénoncent comme une dérive identitaire. Le droit d’un petit groupe d’attribuer
ou de refuser l’identité. Comme le RN décide qui est français et qui ne l’est
pas. Heureusement que vous ne disposez pas du pouvoir politique. La population basque
serait réduite comme peau de chagrin à un tout petit groupe d’hommes recroquevillés.
En
résumé, au risque de vous décevoir, j’ai décidé d’être basque, d’aimer les
Basques, leur histoire, leur culture, et je vous emmerde.
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