lundi 17 juin 2019

bureau des affaires étrangères


A la suite de mon entretien avec Pierre Penin dans Sud-Ouest, je reçois une lettre de Pierre C…, habitant de Baigorri, datée 12 juin. « Monsieur, d’après vos propos sur Sud-Ouest du lundi 10 juin, on sent que vous n’êtes pas basque et que vous ne nous aimez pas ! ». Mon lecteur me reproche le terme de « mise en scène » pour la fête du vendredi 7 juin. « Pour nous (les Basques), c’est un grand soulagement, c’est un moment que nous attendions depuis longtemps ».



Ensuite mon lecteur me demande ce que je pense des ventes d’armes de la France, en tant que « bon français » ? Et ce que je pense du massacre des harkis au lendemain des accords d’Evian. Est-ce que la France a jamais demandé pardon ? Alors que l’ETA l’a fait.



La lettre se termine ainsi : occupez-vous de la France et laissez-nous vivre en paix. « Je ne voudrais pas être votre voisin, avec la haine des Basques que vos propos transpirent ». « Je pense que pour vous la meilleure façon serait d’appliquer ‘la solution finale’ pour nous les Basques ».



Ce monsieur a pris la peine de m’écrire et toute peine mérite réponse. Voici ma réponse :





Monsieur,



            J’interviens régulièrement contre les événements organisés par Bake Bidea et les Artisans de la Paix que je nomme opérations de blanchissage de la terreur d’ETA. Je ne suis pas en mauvaise compagnie. Des associations de victimes, des intellectuels comme Aramburu (avez-vous lu Patria ?), et Savater, partagent mon opinion. Pour vous, ces évènements étaient « attendus depuis longtemps » et ils sont « un grand soulagement ».



            Entre vous et moi, il y a divergence d’opinion, ce qui est normal dans une société diverse. Le débat n’est pas terminé. Je n’ai pas bien compris ce que venaient faire les harkis et la vente d’armes dans ce débat.



            Ce qui me préoccupe davantage, c’est le droit que vous vous arrogez de décerner ou de refuser la qualité de Basques. Une divergence d’opinion sur les Artisans de la Paix vaut-elle appartenance à la communauté basque ? Ainsi, la majorité des Basques qui vivent au Pays Basque espagnol et partagent mon point de vue ne seraient plus des Basques, selon vous ? Pour vous, je ne suis pas basque, je suis français, et je n’ai pas le droit de m’occuper du pays que j’habite. Pour vous, je hais les Basques parce que je dénonce, avec de nombreux Basques espagnols et français, une opération de blanchissage de la terreur d’ETA.



            De ce point de vue, votre réaction est confirmation glauque de ce que certains dénoncent comme une dérive identitaire. Le droit d’un petit groupe d’attribuer ou de refuser l’identité. Comme le RN décide qui est français et qui ne l’est pas. Heureusement que vous ne disposez pas du pouvoir politique. La population basque serait réduite comme peau de chagrin à un tout petit groupe d’hommes recroquevillés.



            En résumé, au risque de vous décevoir, j’ai décidé d’être basque, d’aimer les Basques, leur histoire, leur culture, et je vous emmerde.

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