Méfiance, on m’a si souvent
fait le coup.
Une douzaine de bus venus du Pays Basque espagnol sont
venus gonfler la manifestation pour la paix dans un Pays Basque français qui n’est
plus en guerre depuis vingt ans.
Il y a vingt ans, une voiture avec trois passagers est
venu gonfler une manifestation à Vitoria contre la terreur d’ETA, un conseiller
municipal venait d’être abattu, et André Labèguerie, Brigitte Pradier et moi-même,
venaient apporter la solidarité de Didier Borotra aux manifestants contre la
terreur. Les deux élus avec leur écharpe ont été accueillis à bras ouverts. Le
maire de Vitoria leur a dit : « ça fait longtemps qu’on vous
attendait ».
La manifestation de Biarritz « pour la paix »
était en fait une manifestation pour l’amnistie des assassins d’ETA. Bake
Bidea et les Artisans de la Paix avaient protesté une semaine plus tôt contre l’arrestation
d’un criminel ayant fui la justice de son pays, Josu Ternera. Ils avaient entraîné
dans leur transhumance Michel Veunac, Max Brisson, Vincent Bru et Jean-René
Etchegaray, docile moutons d’une entreprise de blanchissage.
Deux conceptions du monde. Deux conceptions de l’engagement
politique.
Et les autres ? Ils se taisent. Ils m’annoncent des
motions qui s’envolent, des communiqués qui disparaissent, des prises de
position qui se froissent dans les corbeilles.
Alors je me méfie. Des annonces chuchotés, tu vas voir ce
que tu vas voir, on va parler, on va dire clairement les choses. Il y a même
des élus qui ont le courage de me dire à moi personnellement qu’ils n’iront pas
à la manifestation et que leur absence vaut condamnation. Ainsi le maire de Biarritz
ouvre la teinturerie, officiellement, au nom de la ville de Biarritz et tous
les conseillers de la ville, sauf une, vont courageusement se tremper les
pieds dans les vagues, indiquant par cette trempette, au monde entier, leur
condamnation exemplaire des crimes passés.
On me dit, avec Nathalie Motsch ou Maider Arosteguy, ça
va changer. Elles vont parler, elles vont déclarer, elles vont communiquer. J’ai
écouté. J’ai tendu l’oreille. Rien n’est venu. Il suffisait de dire clairement :
en paroles orales, ou en communiqué écrit, » je n’irai pas à cette
manifestation ». Rien n’est venu. Pourtant le maire de Biarritz les
représentait. Sauf une.
Alors je me méfie. Ils m’ont tous tant de fois fait le
coup : j’irai voir les victimes, je condamne l’amnistie. Tous ils sont
félicités par EH Baï et Sortu, ça ne les gêne pas. Et ils se taisent.
Dans l’histoire du Pays Basque français et espagnol, je vous
demande de retenir ces deux images : les douze bus qui sont venus d’Espagne,
eau de javel à la main et serpillère sur le dos, et une voiture avec trois
personnes qui ont apporté solidarité aux victimes de la terreur.
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