Unilatéral.
Dans le vocabulaire des
blanchisseurs (garbitu bidea), qui négocient inlassablement avec les
demi-soldes d’une armée morte, l’ETA a cessé le combat unilatéralement. Un
jour, comme ça, tombé du ciel, l’armée basque qui n’avait rien obtenu d’autre
que des morts et des emprisonnements, a décidé stop, on arrête, on range les
fusils, on enterre la dynamite, on démobilise les troupes. Pour quelles
raisons ? Aucune. Ce fut unilatéral. Ainsi l’armée allemande, un beau jour
du printemps 1945, décida unilatéralement de déposer les armes.
Unilatéral. Donc pour rien ne
comptent les manifestations pour la paix, Basta
Ya, les millions de Basques espagnols dans la rue. Puisque ce fut
unilatéral. Pour rien ne compte l’activité des forces de police et de la
justice, puisque ce fut unilatéral. Pour rien ne compte la coopération entre la
France et l’Espagne dans leur lutte commune contre le terrorisme. Ce fut
unilatéral. Pour rien ne comptent les dénonciations de la terreur, une société
debout, refusant de céder à la peur. Ce fut unilatéral.
Si on fait le bilan des actions
contre la terreur au Pays Basque français, alors, effectivement, elles n’ont
compté pour rien dans la reddition de l’ETA. Aucune manifestation, aucune
solidarité avec les élus menacés, aucune déclaration contre la terreur. D’ailleurs,
la dissolution d’Iparretarrak fut effectivement unilatérale. Personne ne sait
pourquoi elle a commencé et pourquoi elle a terminé.
Mais dans cette société basque
atone, aphone, craintive, terrorisée par son ombre, que cette société considère
que les combats de la société basque espagnole ne fut pour rien dans la fin d’ETA
est une insulte à ses combats, à son
courage, insulte aux victimes, insultes aux élus qui se présentaient aux élections
malgré les dangers de mort.
De temps en temps, dans les rues
de Bayonne, ces chantres de l’unilatéralisme dansent dans les cimetières,
boivent sur les tombes, piétinent les véritables artisans de la paix que furent
Basta Ya et poussent même l’imposture jusqu’à voler leur nom, à plagier leurs
slogans, à contrefaire leur courage.
Ils ont entièrement raison. Ils crient,
ils hurlent, ils chantent la même chanson : puisque nous n’avons rien fait
contre la terreur, si les terroristes se sont arrêtés, ce fut une décision
unilatérale. Cette reprise du discours de l’ETA est une célébration de leur
propre couardise.
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